Rentrée des clashs..
Publié le 3 Septembre 2017
La semaine passée a vu le retour sur le devant de la scène de la plupart des têtes d'affiche du monde médiatico-politique revigorées - voire caramélisées - par le bon air et le soleil des lieux de vacances. Cette vigueur retrouvée s'est manifestée de façon abrupte sinon agressive pour certains. Voire même violente si l'on pense aux règlements de comptes à coups de casque de scooter. A certains égards, on pourrait parler de "rentrée des clashs".
Le coup d'envoi de cette semaine de rentrée a été donné depuis l'hôtel Matignon par Edouard Philippe, Premier ministre, et sa DRH Muriel Pénicaud venus présenter à la presse et au pays leur mouture des fameuses ordonnances modifiant le Code du travail. Qu'allait-il sortir des trois cents heures de "concertation" avec les syndicats qui ont planché une bonne partie de l'été ?.. Au regard des 150 pages de prescriptions on pouvait s'inquiéter et dire: "C'est grave, docteur ?"
Pour le leader de la CGT, Philippe Martinez: "c'est la fin du contrat de travail !". Il appelle donc à une grande manifestation pour contester les mesures du texte, le 12 septembre. Sans surprise. Pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger: "c'est une déception profonde face à l'opportunité qui était de faire du dialogue social un élément central de la gouvernance des entreprises". Ajoutant:"le dogmatisme l'a emporté" sur des sujets comme le plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif. En résumé: travail insuffisant. Copie à revoir. Pour Jean-Claude Mailly de FO, émule de Bergeron: Faut voir si y'a encore du grain à moudre. Quant au patronat, il ne se sent plus de joie d'avoir reçu un tel fromage à grignoter...
Chacun peut se faire une opinion au vu de ces réactions et des nouvelles dispositions annoncées qui ressortent d'un axiome maintes fois psalmodié: une des causes du chômage de masse dans notre pays serait dû à la peur des patrons d'embaucher face à la perspective de risquer une comparution aux prud'hommes en cas de licenciement. Et d'en payer le prix fort... D'où la nécessité de "flexibiliser" le marché du travail en fonction des aléas des carnets de commande. En gros, l'idéal pour les tenants de cette doctrine serait de revenir au travail à la tâche.
Sauf qu'on n'est plus au temps du Comité des forges et du: "Travaille et tais-toi !". Aujourd'hui, les entreprises performantes sont celles qui proposent des produits ou des services innovants et compétitifs engendrant une augmentation du chiffre d'affaire et des avantages sociaux induits, négociés et partagés par tous les salariés en fonction de leurs compétences. Une autre vision. Sans préjugés ni postulat.
Constatons que l'on nous avait vendu le modèle scandinave de la "flex-sécurité", durant la campagne électorale de la présidentielle. Or, que voyons-nous ? Un texte qui privilégie la flexibilité de l'emploi. D'où le satisfecit patronal. Quant à la sécurisation des parcours professionnels, il faudra patienter et attendre des jours meilleurs. A la saint Glin-Glin à défaut de la mi-août ?..
Parmi les différentes réactions à l'annonce de ces mesures, on n'a pas pu échapper à celles de Jean-Luc Mélenchon et de ses pseudo-Insoumis. Lors d'une homélie fougueuse devant ses troupes à Marseille, il a dénoncé un "coup d'état social" puis les a exhorté: « Assez de bavardages, plus d’action. Pas de bla-bla, du combat ! C’est le moment de se rebeller, les gens ! C’est notre devoir de dire qu’on ne lâchera rien ! C’est la lutte, la lutte, la lutte et encore la lutte ! » Ajoutant in fine: «La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples !» Bigre ! Où l'on reconnaît le légendaire sens de la nuance de notre dantesque Danton version hipster, plus facétieux que factieux. A l'inverse des apprentis Saint-Just et Robespierre qui l'entourent. Quoiqu'il ne manque pas d'audace, attention à la fin de l'histoire: La Veuve pourrait le guetter... No happy ending !..
Côté PS, c'est toujours Waterloo morne plaine. Forcément. Seul Olivier Faure maintient avec bravoure l'étendard sanglant élevé à la tête d'une trentaine de rescapés du massacre printanier. La guérison sera longue et douloureuse après la cure de soins intensifs et la convalescence. . En attendant la résilience et la résurrection.
Chez les Rrrrépublicains - ou ce qu'il en reste - on s'adonne à leur sport favori: la castagne ou le free fight. On s'achemine vers une nouvelle déroute en forme de schisme. Suite à la mise à la retraite forcée des caciques (Sarkozy, Fillon, Juppé, Raffarin) qui se sont neutralisés à force de rivalités dans la conquête du pouvoir, les nouvelles générations ne déparent pas leurs aînés. . Les couteaux sont tirés dans la perspective de l'élection de la nouvelle équipe dirigeante.
D'un côté, Laurent Wauquiez candidat déclaré avec le soutien des sarkozystes hist(é)oriques: Hortefeux, Jacob, Ciotti, rejoints par quelques opportunistes comme l'ineffable Virginie Calmels, ex-juppéiste qui a les dents longues mais risque ainsi de perdre ses chances dans la succession au Palais de Rohan. Renforçant le désamour avec son mentor, le vieux bonze bordelais qui multiplie les mises en garde contre la dérive droitière et identitaire de son parti aux abois. Déboires ! Il ne cesse de prôner le retour aux fondamentaux gaulliens d'une droite "humaniste et sociale". Se faisant le gardien d'un morceau de la vraie croix de Lorraine. Ce n'est pas gagné. Loin de là..
Tout le contraire des visées du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui veut favoriser "une droite qui n'a pas peur d'être de droite". Le pourfendeur du "cancer de l'assistanat" n'hésite pas à flatter la frange la plus réactionnaire de son camp. Notamment auprès de Sens commun, émanation de La Manip' pour tous qui le soutient ardemment. Sans parler de ses accointances idéologiques avec le Front national à propos de l'immigration ou de l'accueil des réfugiés. . La parka rouge mais la doublure bleu marine.
C'est cette inclination qui fait réagir d'autres quadra LR qui menacent de quitter leur parti, s'il doit l'emporter. Au premier rang desquels se trouvent Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Rebelles . La première craint "le risque" d’un éclatement des Républicains si Laurent Wauquiez remporte la présidence du parti. "Au lieu de se recroqueviller vers le noyau dur de la droite", elle préconise au contraire "d’élargir la droite, de l’oxygéner, d’ouvrir les portes et les fenêtres ". . "Et sans porosité avec le Front national. C’est la ligne rouge", insiste t-elle. Capisce ?..
Même constat chez Xavier Bertrand qui affirme:"En réalité, il n'y a plus grand chose de commun entre nous.Nous continuons à vivre ensemble mais ça fait bien longtemps qu'on ne s'aime plus" Frédéric Lefebvre, lui, s'en prend "au Judas qui instrumentalise les peurs et les ressentiments, jetant aux orties la parure centriste dont il s'était revêtu pour gravir les échelons d'un Parti aujourd'hui défiguré, qu'il mène à sa perte." Quant à Gérald Darmanin " il estime qu'il n'a plus rien à faire dans le même parti que Laurent Wauquiez". Fermez le ban ! Reposez arme !..
On aura compris que "le vieux monde", comme disent certains, n'en finit pas de mourir en se désagrégeant. Le clivage droite-gauche issu de la Révolution française est entré dans une crise profonde. C'est l'intuition forte d'Emmanuel Macron de l'avoir perçue puis de l'avoir transcendée. Sa seule opposition est réduite, pour l'instant, aux bateleurs extrémistes qui ont le champ libre pour propager leur démagogie qui promet des lendemains qui chantent. Plus ou moins faux...
Ces "idiots utiles" le confortent et retardent l'émergence d'une alternative réaliste et sérieuse. . "Il faut laisser le temps au temps" disait le vieux sage de Latché. Prenons-en de la graine. . Semons-la. Le temps des moissons reviendra. Tôt ou tard... MB
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PS: Afin d'illustrer notre point de vue sur les entreprises performantes qui investissent dans l'innovation et n'ont pas peur d'embaucher avec le Code du Travail existant, lire l'article suivant:
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Toujours de l'audace !..
et Saint-Just,
"L'Archange" !..